Au nom de la Confédération suisse, je vous souhaite chaleureusement la bienvenue à Genève pour la 77e Assemblée mondiale de la Santé placée cette année sous le thème intitulé: « Un monde mobilisé pour la santé, la santé pour tout le monde ».
Malgré tous les défis à relever, l'engagement de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis sa création en 1948 nous a permis de parcourir un long chemin vers la santé pour toutes et tous. En inscrivant dans sa constitution le droit fondamental de chaque être humain à atteindre le meilleur état de santé possible, l’OMS en fait une réalité. La santé pour toutes et tous est non seulement un impératif moral, mais aussi un investissement précieux l’avenir de nos sociétés.
Au cours des dernières décennies, l’OMS nous a démontré que l’amélioration de la santé de chaque personne est possible si nous avons la volonté de faire avancer les choses ensemble. L’engagement dans la lutte contre des maladies, avec le succès historique de l'éradication de la variole en 1980, en est un bel exemple. Plus récemment, cette année, un des premiers vaccins antipaludiques a pu être administré dans des pays touchés par ce fléau, donnant ainsi place à l’espoir que cette maladie pourra, un jour, être vaincue à son tour.
Solidarité, multilatéralisme et leadership
Trouver des solutions et mettre en œuvre des réponses globales efficaces nécessitent une solidarité internationale amplifiée, un multilatéralisme fort et un leadership universel. Cela signifie également qu'il est nécessaire de dialoguer, de faire preuve d'ouverture et d’être prêt à écouter les autres. L'OMS a toujours placé les populations et leur santé au centre de ses préoccupations. L'OMS a toujours été un acteur impartial qui nous rassemble toutes et tous.
Comme nous l'avons une fois de plus constaté lors de la dernière pandémie, cette organisation est au centre de toute question sanitaire au niveau global. L'OMS joue un rôle unique, un rôle essentiel en tant qu'agence mondiale pour la santé. Elle représente une solution multilatérale indispensable aux problèmes mondiaux. Nous vivons dans un monde interconnecté où les frontières géographiques sont de plus en plus perméables, où les défis qui se dressent devant nous sont à l’échelle universelle.
Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de cet espace de discussion à Genève, berceau du multilatéralisme, pour dégager et consolider des solutions collectives à ces défis. Le multilatéralisme incarne la conviction que les problèmes globaux ne peuvent être résolus de manière efficace et équitable qu’en unissant nos forces, en partageant nos ressources et en coopérant dans un esprit d’ouverture.
L’esprit de Genève
Genève, avec son histoire riche en négociations diplomatiques et en accords internationaux, représente l’esprit même du multilatéralisme. C’est ici que se façonne une partie significative de l’histoire mondiale en cours.
En ces temps de turbulences et d’incertitude, il nous appartient de rester fidèles à cet esprit de Genève pour guider nos actions. Nous devons reconnaître et prendre en considération que les défis tels que des crises sanitaires au niveau mondial ne peuvent être surmontés que si nous travaillons ensemble, en tant que communauté internationale vivante et solidaire.
La pandémie du COVID-19 nous a démontré une fois de plus la nécessité de nous appuyer sur des instruments internationaux contraignants. Dès le début, la Suisse s’est activement engagée dans les négociations d’un Accord sur les pandémies. Cet exercice indispensable nous a permis de réfléchir à ce que nous avons réussi collectivement pendant la crise et de nous pencher sur les lacunes qui subsistent.
Nous espérions, nous souhaitions que l’engagement sans relâche de nos équipes de négociations débouchent, cette semaine sur la finalisation d’un Accord sur les pandémies. Ce ne sera malheureusement pas le cas. Néanmoins, nous avons beaucoup d’éléments à célébrer aujourd’hui :
- L’engagement inlassable de l’ensemble des Etats membres, qui, avec le précieux soutien de l’OMS, ont œuvré pour trouver des bases pour un instrument équitable, constructif et qui puisse faire une différence pour toutes nos populations.
- Les nombreux éléments de convergence sur lesquels nous sommes parvenus à nous mettre d’accord pour un futur Accord sur les pandémies.
- L’esprit de Genève: ces derniers mois ont été une preuve que le dialogue et un multilatéralisme fort nous permettent de progresser ensemble et de renforcer la prévention, la préparation et la riposte aux pandémies.
Ce processus n’est pas terminé. Nous avons aujourd’hui l’opportunité de prendre un peu de recul, de réfléchir à la meilleure manière de poursuivre nos travaux. La Suisse demeurera engagée pour parvenir à un résultat significatif et à finaliser l’Accord sur les pandémies. Nous devons continuer d’œuvrer pour un consensus afin de mieux protéger l’ensemble de nos populations.
Renforcer le Règlement sanitaire international
La Suisse a également participé activement au processus d’amendement du Règlement sanitaire international. Ce dernier représente un instrument indispensable et précieux de coopération pour mieux lutter contre la propagation internationale des maladies infectieuses. Il est de notre responsabilité d’œuvrer ensemble à son renforcement et à l’efficacité de son application. Nous espérons que la présente Assemblée permettra de trouver un consensus dans ce domaine et que le caractère universel de cet instrument important puisse être préservé.
En ce qui concerne les autres priorités de l’agenda, la Suisse estime que les travaux en cours sur un financement souple et durable et sur les réformes de la gouvernance sont essentiels pour permettre à l'OMS de renforcer son rôle. Mon pays s'est traditionnellement engagé en faveur d'une OMS plus forte et respectée et nous sommes convaincus qu'il est pour cela essentiel d'accroître l'efficacité de l'organisation. La Suisse a fait des propositions concrètes à ce sujet et continuera son engagement dans ce sens.
L’adoption par les Etats membres d’une trajectoire visant à augmenter les contributions obligatoires a été un élément crucial en vue d’un financement plus souple et durable de l’organisation. La Suisse accueille aussi favorablement un autre élément du financement durable, le cycle d'investissement, que l'OMS lancera à l'occasion de cette Assemblée. Il permettra de garantir les ressources nécessaires au travail de base de l'OMS pour les quatre prochaines années.
Les tâches et les responsabilités qui nous incombent cette semaine sont vastes, sont importantes. L’un des défis importants auquel nous sommes confrontés est la résistance croissante aux antimicrobiens. Cette résistance représente aujourd’hui l'une des principales menaces pour la santé publique et le développement à l'échelle mondiale et une cause majeure de décès dans le monde. Comparable à une pandémie silencieuse, cette résistance compromet notre capacité à traiter les infections courantes et les maladies graves. Par conséquent, la Suisse salue l’élaboration de priorités stratégiques et opérationnelles de l’OMS en la matière pour ces prochaines années.
Améliorer la qualité des soins
Nous devons faire tout notre possible pour mieux nous préparer aux niveaux national, régional et international à faire face aux crises qui nous attendent. Notre effort passe nécessairement par le renforcement de nos systèmes de santé nationaux et l’amélioration de la qualité des soins. Pour réaliser cette vision, l’OMS a élaboré, en consultation avec ses Etats membres, son 14e programme général de travail, qui est axé sur trois objectifs principaux:
- promouvoir la santé,
- assurer un accès équitable aux services de santé et
- protéger la population contre les urgences sanitaires.
Il s’agit d’un plan ambitieux, prometteur, visant à aborder les priorités les plus pressantes en matière de santé mondiale, qui constitue l’un des points les plus significatifs de notre ordre du jour de cette semaine.
J’aimerais finalement saisir cette occasion pour reconnaître l'intensité des travaux et l'engagement infatigable de toutes les délégations en amont de cette Assemblée. Il s'agit d'un engagement en faveur de l’équité et d'une meilleure protection de nos populations contre les pandémies. En travaillant ensemble, nous pouvons créer un monde dans lequel chaque individu a la possibilité de vivre en bonne santé, de réaliser son plein potentiel et de contribuer au bien-être commun. Je vous appelle à embrasser l’esprit de Genève, à défendre le multilatéralisme et à œuvrer sans relâche pour un monde plus sain, plus juste et plus pacifique pour tous. C’est seulement en unissant nos forces que nous pourrons réaliser cette vision commune