Monsieur le Président,
Madame Mattarella,
Monsieur le Vice-Ministre
Excellences,
Chers collègues membres du Conseil fédéral,
Mesdames et Messieurs,
Au nom du Conseil fédéral et du peuple suisse, je vous souhaite à vous, Monsieur le Président, à votre fille et aux membres de votre délégation une cordiale et chaleureuse bienvenue en Suisse.
C’est avec un immense plaisir que nous vous accueillons à l’occasion de cette visite d’État.
1. Des liens qui font fi des montagnes
Permettez-moi de prendre un peu de hauteur et de parler des montagnes que vous avez survolées pour arriver jusqu’ici, durant votre voyage de la Ville Éternelle à la ville fédérale (le vrai nom de notre « capitale »).
Les Alpes peuvent parfois sembler être une barrière insurmontable qui divise le Nord et le Sud de l’Europe, une barrière qui divise des cultures, des langues et des sensibilités souvent très différentes les unes des autres.
Mais l’arc alpin n’a en réalité rien d’une séparation : c’est une charnière qui permet d’unir et de consolider plutôt que de diviser.
Depuis toujours, l’être humain a cherché à franchir les Alpes, animé par l’envie de connaître ce qui se cache de l’autre côté, pour échanger des marchandises, des idées et des expériences.
La Suisse est bel et bien une fédération de peuples différents qui s’est formée autour du massif alpin. Cette pluralité de cultures fait partie de notre ADN et nous permet d’entretenir des liens forts et enrichissants avec nos voisins italiens, français et allemands.
La construction du tunnel ferroviaire du Saint-Gothard à la fin du 19e siècle fut un moment historique pour l’Italie et la Suisse. Cette liaison géographique, mais aussi symbolique, nos deux pays l’ont ardemment souhaitée et nous la devons en grande partie aux mineurs italiens. D’énormes efforts et sacrifices humains ont été nécessaires pour pouvoir inaugurer le tunnel en 1882. Cet ouvrage contribue notamment à l’approvisionnement national en facilitant l’accès de la Suisse au port de Gênes.
À la voie ferrée est venu s’ajouter le tunnel autoroutier, puis la nouvelle ligne rapide à travers le tunnel ferroviaire le plus long du monde. De tout temps, nous avons eu cette volonté d’aplanir les montagnes, si l’on peut dire, pour rapprocher le Nord et le Sud et pour resserrer les liens entre nos peuples.
2. La solidarité est au cœur de notre histoireMonsieur le Président,
Il existe également une grande solidarité entre nos deux nations. Preuve en est, par exemple, le « village suisse » qui se trouve à Messine et témoigne de l’une des pires tragédies qu’a connues la ville : le terrible tremblement de terre qui a secoué la province de Messine et de Reggio de Calabre le 28 décembre 1908. Cette catastrophe naturelle a donné lieu à l’un des premiers élans de solidarité internationale. Parmi les pays donateurs, la Suisse a construit tout un quartier de chalets en bois, dont chacun portait le nom d’un canton suisse.
Ce fut également la première mission humanitaire de la Croix-Rouge suisse en temps de paix.
La Croix-Rouge est assurément l’une des institutions dont les Suisses sont les plus fiers. Elle aussi nous lie les uns aux autres, car elle fait partie de l’histoire italo-suisse.
Durant la Seconde guerre d’indépendance italienne, qui s’est terminée par la paix de Zurich le 10 novembre 1859, Henry Dunant a visité le champ de bataille de Solferino.
L’article qu’il a écrit à ce sujet a posé les bases de la fondation du Comité international de la Croix-Rouge en 1863. Aujourd’hui encore, le CICR secourt partout dans le monde les personnes les plus touchées lors de conflits. Aujourd’hui encore, les gens confondent souvent le drapeau suisse et celui du CICR.
3. La richesse de l’italianité
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi à présent d’aller au-delà de ces grands événements historiques pour rendre hommage aux milliers d’Italiens qui ont influé et continuent d’influer sur l’histoire suisse.
En particulier durant les années du miracle économique de l’après-guerre, votre peuple, Monsieur le Président, a contribué comme aucun autre à l’essor de la Suisse.
La communauté italienne vivant en Suisse est toujours la plus grande communauté étrangère de notre pays et constitue la troisième plus grande communauté d’Italiens de l’étranger. Cette précieuse greffe, si je puis dire, a renforcé l’italianité déjà présente dans l’ADN de la Suisse.
Je voudrais saisir cette occasion pour saluer les quelque 80 000 citoyens italiens qui travaillent comme frontaliers en Suisse et contribuent ainsi de manière essentielle à la prospérité tant suisse qu’italienne.
Nous savons que cette situation représente aussi un défi pour les régions frontalières, mais les pas faits dans la bonne direction ces dernières années montrent qu’il y a une volonté de trouver des solutions satisfaisantes pour les deux parties.
4. Nous sommes unis dans les crises
Outre la proximité géographique et les liens personnels, familiaux, linguistiques, économiques, historiques et culturels, ce sont également des valeurs communes qui unissent nos deux pays.
Nous le voyons précisément dans les moments les plus difficiles, en temps de crise. C’est ensemble que nous avons affronté la pandémie de COVID-19, qui a fait tant de victimes en Italie comme en Suisse.
C’est ensemble que nous faisons face aux effets dévastateurs de la guerre provoquée par la Russie en Ukraine, qui menace le fondement même de la sécurité de notre continent, l’Europe.
C’est aussi ensemble que nous devons relever les défis que pose le réchauffement climatique, qui met également à rude épreuve les glaciers de nos montagnes et par conséquent tout l’équilibre hydrologique.
Le passage de la présidence de l’EUSALP jeudi dernier de l’Italie à la Suisse (24.11 à Trente) montre notre volonté de collaborer de manière très concrète.
5. Conclusion
Monsieur le Président,
Ces quelques mots prononcés en quelques minutes ne suffisent pas pour bien saisir toute la force des événements historiques et des liens indissolubles qui ont façonné le destin commun de nos deux pays. Mon souhait est que cette visite puisse constituer un jalon pour les années à venir et qu’elle nous permette de renforcer davantage encore nos liens et de développer nos intérêts mutuels.
C’est pour moi et pour tous les membres du Conseil fédéral un immense honneur de vous accueillir aujourd’hui, vous et votre délégation.
Soyez les bienvenus en Suisse !