Jeunes ambassadeurs du changement de la région MENA à Lugano

Fatima Zahra, Amin, Myssa et Zakaria sont à Lugano, où ils participent au Middle East Mediterranean Summer Summit, du 21 au 28 août. Organisé par l’Université de la Suisse italienne avec le soutien du Département fédéral des affaires étrangères, ce sommet offre à de nombreux jeunes de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord une plateforme d’échange et de développement d’idées. La parole est à eux.

Les participants au sommet d'été MEM discutent assis sur des chaises en cercle.

Soutenir la jeune génération dans la région MENA est une priorité pour la Suisse, comme le souligne la stratégie MENA adoptée par le Conseil fédéral en 2020. © USI, Vincent Blondeau

Fatima Zahra vient du Maroc, Amin d’Iran, Myssa d’Oman et Zakaria de Syrie. Ils sont une trentaine de jeunes à participer à cette quatrième édition du Middle East Mediterranean (MEM) Summer Summit à Lugano, et une centaine à y assister en ligne, depuis la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Ils font partie du groupe des jeunes acteurs du changement et jouent un rôle central dans ce sommet, dont la vocation est de stimuler les échanges d’idées, de projets et d’initiatives.

La vision et les idées de ces jeunes sont d’ailleurs la raison pour laquelle Ignazio Cassis, chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), attache une si grande importance au MEM Summer Summit. Le conseiller fédéral a rencontré ces jeunes acteurs du changement en compagnie du ministre des affaires étrangères d’Oman, Sayyid Badr Al Busaidi. Il a souligné à cette occasion le potentiel de la jeune génération: «Dans la région MENA, environ 45% de la population a moins de 25 ans. Pour moi, cette jeunesse incarne le renouveau et l’optimisme. Lors de mon voyage à Oman au printemps dernier, j’ai eu l’occasion de rencontrer des jeunes gens animés d’une forte motivation. J’ai trouvé nos discussions particulièrement inspirantes.»

Jeunes participants au MEM Summer Summit

Soutenir la jeune génération dans la région MENA est une priorité pour la Suisse, comme le souligne la stratégie MENA adoptée par le Conseil fédéral en 2020. La paix, la sécurité, le développement durable et la numérisation figurent parmi ses priorités thématiques. Or ces priorités sont aussi celles des jeunes avec qui nous nous sommes entretenus.

« Les jeunes sont conscients de la force d’une collaboration allant au-delà des petites communautés locales »

Portrait de Fatima Zahra Outaiss
Fatima Zahra Outaiss, young change maker du Maroc. © USI, Boryana Stratieva

Au Maroc, Fatima Zahra travaille sur des projets d’inclusion des jeunes dans les processus politiques et c’est précisément parmi ses pairs qu’elle identifie un gros potentiel. «Les jeunes sont conscients de la force d’une collaboration allant au-delà des petites communautés locales, et c’est pourquoi ils saisissent toutes les occasions de collaborer entre régions», relève-t-elle.

L’éducation, l’innovation et les nouvelles technologies sont au cœur de la stratégie menée par la Suisse dans la région MENA, y compris au Maroc. En tant qu’ingénieure, Fatima a observé ces dernières années une multiplication des initiatives innovantes prises par des jeunes et visant à développer le système d’éducation formel et informel à l’aide des nouvelles technologies. «Pour unir les forces et renforcer l’impact de ces initiatives, des canaux d’échange et de collaboration ont été ouverts avec d’autres pays de la région.» 

« J’ai une passion: m’attaquer aux défis que présentent les systèmes alimentaires mondiaux »

Portrait de Mohammad Amin Emadi
Mohammad Amin Emadi, young change maker d’Iran. © USI, Boryana Stratieva

Amin travaille comme consultant technique auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Il a une passion: s’attaquer aux défis et aux problèmes complexes que présentent les systèmes alimentaires mondiaux. Amin a participé au projet suisse «Bites of Transfoodmodation», lancé conjointement par la Mission permanente de la Suisse auprès des Nations Unies à Rome, l’ambassade de Suisse en Italie, l’Institut suisse, l’Université de la Suisse italienne et Présence Suisse.

Ce projet a pour but d’encourager la discussion au sein de la jeune génération sur les moyens d’assurer la transition vers des systèmes alimentaires durables et résilients, accessibles à tous. «Nous avons élaboré un manifeste mettant en avant notre engagement collectif en faveur de systèmes alimentaires durables tournés vers l’avenir», explique Amin. «Je suis sûr que grâce à de telles collaborations, nous pourrons transformer les systèmes alimentaires, en agissant aux niveaux politique, social et surtout individuel», conclut-il. 

« Les jeunes peuvent amener le changement par le pouvoir du savoir »

Portrait de Myssa Al Hinai.
Myssa Al Hinai, young change maker d’Oman. © USI, Boryana Stratieva

Myssa travaille dans le domaine de la communication et des médias sociaux et vient de créer sa propre entreprise. La communication et le partage des connaissances jouent un rôle clé à ses yeux: « Je crois au pouvoir du savoir. Des jeunes provenant de divers secteurs d’activité peuvent amener le changement en partageant leurs connaissances et en travaillant dur, tous ensemble. »

La Suisse et Oman coopèrent étroitement dans les domaines de la médiation et de la promotion de la paix. Myssa souligne que sans stabilité, il ne peut y avoir de changement dans la région MENA: « La stabilité en Oman permet aux gens d’être plus unis et de se concentrer sur le développement et le renforcement de leur expertise dans les domaines contribuant à la croissance du pays et au bien-être de sa population. » 

« La société civile joue un rôle central dans la restauration de la confiance entre Syriens, ainsi qu’avec leurs voisins de la région MEM »

Portrait de Zakaria Al Shmaly.
Zakaria Al Shmaly, young change maker de Syrie. © USI, Boryana Stratieva

Zakaria est chercheur à l’École de gouvernance transnationale de l’Institut universitaire européen et interne au secrétariat de la commission des affaires étrangères du Parlement européen. Il croit fermement au rôle de la jeune génération à la fois dans le changement et dans la stabilité de la région MEM. Le sommet de Lugano l’a conforté dans ses convictions: « La stabilité découle de la compréhension mutuelle, mais celle-ci requiert de mener des débats difficiles dans un environnement sûr », affirme-t-il. Pour Zakaria, encourager la libre circulation des personnes dans la région MEM et y promouvoir les échanges académiques et culturels à large échelle sont deux exemples des moyens à mettre en œuvre pour générer des cercles vertueux conduisant au changement.

La Suisse soutient le processus de paix syrien à Genève et veille à ce que la société civile y participe aussi. « Je pense que nous devons nous inspirer de l’expérience européenne de l’après-guerre pour reconstruire la société syrienne et le pays », souligne Zakaria. Et d’ajouter: « De gros investissements dans la société civile sont nécessaires pour restaurer la confiance entre Syriens, ainsi qu’avec leurs voisins de la région MEM. Il en résultera une interdépendance économique favorisant la stabilité politique. » D’après lui, la coopération dans le domaine des énergies renouvelables et le développement des échanges commerciaux au niveau régional seraient un bon point de départ pour la stabilité de la région. 

Le Forum MEM, avec la participation du conseiller fédéral Ignazio Cassis et du ministre omanais des affaires étrangères Sayyid Badr Al Busaidi.
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