Quelle fonction assurez-vous au sein de votre établissement hospitalier universitaire à Fribourg en Suisse ?
Je suis le chef du service gynécologie et obstétrique, c’est-à-dire le service qui s’occupe de la femme de sa naissance jusqu’à un âge avancé, avec toutes les pathologies qu’elle peut rencontrer comme les troubles hormonaux, les problèmes de reproduction, les cancers ou les pathologies liées à l’accouchement. Je suis également le chef de département des spécialités chirurgicales. Il y a 5 services dans le département : chirurgie, orthopédie, ORL, ophtalmologie, gynécologie obstétrique. Je suis aussi le président du conseil des départements, équivalent de la direction médicale.
Quelles études avez-vous suivi pour en arriver là ?
J’ai fait mes études au collège Sadiki puis à la Faculté de médecine de Tunis. J’ai obtenu mon doctorat en chirurgie thoracique sur « la place de la chirurgie dans la prise en charge de la tuberculose multi-résistante » avec la mention très honorable et félicitations du jury. Par la suite j’ai quitté la Tunisie dans l’idée de faire de la chirurgie thoracique et c’est là où j’ai changé de route en faisant de la gynécologie obstétrique. En Suisse, j’ai commencé avec le programme de l’OMS et de l’université de Genève sur la santé de la femme et la biologie de la reproduction avant de me poser la question : « Pourquoi ne pas reprendre mon chemin depuis le début ? ». J’ai donc intégré le programme MD-PhD qui permet de faire deux thèses en même temps, un doctorat en médecine et un doctorat en biologie. C’est à l’université de Genève que j’ai obtenu mes doctorats en médecine et en biologie sur le thème de la thérapie génique du cancer de l’ovaire. Cela étant, j’ai réintégré le service de gynécologie obstétrique des hôpitaux universitaires de Genève pour finir ma spécialisation. Durant mon cursus de formation clinique, j’ai été admis à Score, un programme très sélectif du Fonds national de la recherche. Mon projet était autour des cellules souches humaines embryonnaires et m’a permis d’isoler la première lignée de cellules en Suisse ainsi que les premières reprogrammations nucléaires. Jugé par mon chef comme très bon élément, il m’a envoyé à l’hôpital de Saint-Luc, à Bruxelles, pour parfaire ma formation en médecine de la reproduction, la greffe du tissu ovarien et la chirurgie mini-invasive. En 2011, à 39 ans, j’ai été nommé Chef de service de la gynécologie obstétrique à Fribourg.
En quoi le fait d’être Tunisien est un plus dans votre parcours professionnel ?
Je suis de l’ancienne génération. Travailler sans compter les heures, ça aide. La détermination, ça aide aussi. En Tunisie, la compétition est rude pour avancer. Les premières pierres du socle de cette compétitivité sont ancrées en nous. On a aussi quelques choses en plus : la débrouillardise, ne jamais renoncer devant un obstacle.
Il y a aussi une chose que l’on apprend en Tunisie : le réseautage. 3000 ans d’histoire, l’ouverture sur la Méditerranée, le multiculturalisme font que j’ai pu tisser des liens avec un réseau assez conséquent.