En tant que chercheur à l’Observatoire de Genève, vos travaux consistent à étudier les étoiles massives en modélisant leur évolution sur ordinateur. Vous êtes également professeur honoraire de l’Université de Genève. Qu’y avez-vous enseigné ?
J’ai enseigné les processus physiques nécessaires à la modélisation des étoiles, comme par exemple la physique des interactions entre le rayonnement et la matière, la physique de la matière dans différentes conditions de densité et de température, les réactions nucléaires dans les étoiles. J’ai aussi enseigné les différents stades de la vie d’une étoile, de sa formation jusqu’aux stades finaux où l’étoile donne naissance à une naine blanche, une étoile à neutrons, un trou noir, ou explose en ne laissant aucun reste derrière elle.
Qu’est-ce qui vous a fait aimer l’Espace ?
L’espace est constamment à la portée de notre regard, il suffit de lever les yeux vers le ciel, une fois la nuit tombée pour commencer l’exploration. Vu de notre petit coin de Terre, cet espace, rempli de planètes, d’étoiles et de galaxies invite au voyage d’abord par la pensée et l’imagination, puis par le raisonnement et les déductions scientifiques. Je me suis rendu compte que la science, en portant un regard rationnel sur le monde qui nous entoure, loin de le désenchanter, l’enchante encore plus et révèle les liens incroyables qui nous lient à l’Univers, aux étoiles et galaxies. Au collège j’aimais beaucoup la physique et la philosophie. L’astrophysique c’est avant tout de la physique, mais qui ouvre sur des interrogations qui ont un petit parfum de philosophie. En choisissant l’astrophysique, j’ai pu ainsi cultiver à la fois mon intérêt pour la physique, tout en gardant bien vivantes mes interrogations philosophiques.
La Suisse participe à l’aventure spatiale depuis ses débuts. Avec l’admission officielle du Suisse Marco Sieber dans le corps des astronautes de l'Agence spatiale européenne (ESA) ou la nomination pour la première fois d’un Suisse, Renato Krpoun, à la présidence de la même agence, elle semble toutefois plus présente dans l’actualité. Selon vous, qu’apporte la Suisse au domaine spatial ?
La Suisse avec ses entreprises de hautes technologies et de précision, son système éducatif performant, ses universités cantonales et ses écoles fédérales présentent de nombreux atouts pour contribuer à la compréhension des objets qui peuplent notre Univers, pour utiliser l’espace afin de sonder et étudier notre propre planète.
Bien sûr, c’est en mettant ensemble les forces avec d’autres pays que cela est possible. Les organisations telles que l’agence spatiale européenne (European Space Agency) et l’observatoire européen pour l’hémisphère austral (European Southern Observatory) ouvrent les portes du spatial et de l’astrophysique à notre communauté.
En mettant à disposition des chercheurs européens (dont la Suisse) des instruments à la pointe du progrès non seulement cela donne l’occasion à des entreprises européennes de surmonter de nombreux défis technologiques, mais cela permet aussi aux chercheurs de faire des découvertes ayant un grand impact tant en astrophysique qu’en étude des planètes, exoplanètes et de la terre, qu’en physique fondamentale.