Se laver les mains au savon, une évidence pour certain, une lacune pour beaucoup. Pourtant, ce geste presque anodin constitue le moyen le plus économique de prévenir les maladies transmissibles, alors qu’un enfant de moins de 5 ans meurt toutes les 20 secondes d’une affection diarrhéique.
« The Great WASH Yatra » Un carnaval pour la sensibilisation
Pour que cet acte devienne une habitude en Inde également, la DDC soutient une campagne de sensibilisation inédite. Réalisée en collaboration avec le Gouvernement, elle vient compléter les investissements que ce dernier réalise déjà en matière d’infrastructures d’assainissement.
Cette gigantesque campagne de promotion de l’hygiène a été minutieusement planifiée par WASH-United, une organisation non-gouvernementale allemande alliée à des spécialistes indiens de la communication. Elle prendra la forme d’un festival itinérant dénommé Yatra, un terme sanscrit qui signifie pèlerinage ou procession. Durant une cinquantaine de jours, ce festival traversera cinq Etats intérieurs de l’Inde sur près de 1'900 km, reliant la ville de Wardha au Maharashtra à celle de Betthia dans le Bihar. A l’image d’un cirque faisant halte de ville en ville, le Yatra s’installera au fil du trajet dans différentes cités indiennes pour y proposer des animations ciblées, non seulement sur le lavage des mains, mais également sur l’hygiène domestique et l’utilisation des toilettes. Une place particulière sera donnée aux aspects d’hygiène menstruelle, un sujet longtemps entouré de silence et de tabou, mais reconnu désormais comme essentiel pour assurer l’équité et la dignité des femmes.
Une campagne faite d’innovations pour une influence globale
Cette campagne se distingue par trois aspects innovants :
- C’est d’abord un évènement d’une ampleur rarement égalée. Tirant parti des techniques de marketing et s’appuyant sur de multiples canaux de communication, la campagne ambitionne d’atteindre plus de 80 millions de personnes.
- C’est ensuite une campagne positive, délaissant les messages culpabilisants, « ne pas se laver est sale », pour exploiter les valeurs et symboles chers aux Indiens. L’engagement de stars nationales du sport-roi qu’est le cricket ainsi que d’acteurs et actrices de Bollywood contribueront à l’aura de la manifestation. Le lancement de la campagne a d’ailleurs été fait par Vidya Balan, l'une des actrices les plus en vue de Bollywood
- Enfin, les effets immédiats et à plus long terme seront analysés en profondeur afin d’évaluer l’impact de cette campagne sur les comportements. C’est l’Institut de recherche de l'eau du domaine des Ecoles Polytechnique Fédérales, Eawag, qui est chargé de mesurer cet impact. Pour ce faire, son laboratoire de modélisation des systèmes sociaux appliquera une méthode d’analyse déjà introduite avec succès dans différents pays, notamment lors de réponses aux épidémies de choléra.
En cas de succès, la DDC compte entreprendre une seconde campagne du même type en 2013 sur un autre continent. Les enseignements tirés de l’expérience indienne devront permettre de démontrer la pertinence de l’utilisation de messages positifs soutenus par un marketing innovants : Des moyens limités qui pourraient pourtant permettre de gagner la guerre contre les mains sales et les infections qui y sont associées.