06.03.2019

Université de Fribourg

Oratore: Pascale Baeriswyl

Mesdames et Messieurs,

J’aimerais tout d’abord remercier Professeure Besson et l’université de Fribourg de cette invitation à l’occasion de la journée des femmes. On m’a invitée de parler des droits des femmes et de l’égalité des genres dans le cadre de la paix et de la sécurité.

Du point de vue des politiques et du droit international, l’histoire du cadre réglementaire du Conseil de sécurité de l’ONU sur les questions de genre représente un exemple unique de travail pionnier et innovant. En même temps, cette histoire met en évidence des limites générales dans la mise en œuvre de dispositions qui ne peuvent relever uniquement des lois et règlements, mais qui nécessitent un changement d’état d’esprit, de leadership et de culture politique.

Cette présentation vise :

  • premièrement, à décrire les développements ayant conduit à l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité et d’un cadre réglementaire plus large au sein de cet organe en ce qui concerne les femmes, la paix et la sécurité ;
  • deuxièmement, à mettre en lumière les progrès accomplis dans ce domaine, mais aussi à attirer l’attention sur les défis qui subsistent ;
  • troisièmement, à fournir des exemples concrets de la manière dont la Suisse aborde la question du genre dans son cadre règlementaire ainsi que dans sa politique de paix et de sécurité.

[ 1. Contexte de la résolution 1325]

L’adoption à l’unanimité de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité par le Conseil de sécurité de l’ONU (S/RES/1325), en l’an 2000, a marqué un tournant historique. Alors que l’égalité entre les femmes et les hommes avait été reconnue auparavant comme une question de développement, elle avait désormais toute sa place dans le domaine de la paix et de la sécurité. Pour la première fois, le Conseil de sécurité a adopté une résolution sur le rôle des femmes dans les situations de guerre et de conflit ainsi que dans la consolidation de la paix, soulignant le risque qu’elles courent d’être victimes de violences pendant les hostilités ainsi que le potentiel qu’elles représentent en tant qu’actrices des processus de paix. Mais, en plus de porter sur les rôles et les droits des femmes, cette résolution a marqué une évolution majeure dans la perception de la sécurité, qui était envisagée, non plus en termes exclusivement militaires, mais aussi du point de vue plus large de l’individu. C’est ce que nous entendons aujourd’hui sous le concept de la « sécurité humaine ».

La résolution 1325 a également été novatrice dans la mesure où elle a été la première – et demeure aujourd’hui encore l’une des seules résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU – à avoir vu le jour à la faveur d’un puissant mouvement de la société civile, et grâce aussi au rôle moteur joué par des pays du Sud, alors membres du Conseil de sécurité (Bangladesh, Namibie, Jamaïque et Mali). Un patient travail de lobbying mené pendant des années par des organisations de la société civile et des militants et militantes pacifistes avait ouvert la voie à l’adoption de la résolution 1325.

[2. Contexte légal de la résolution 1325]

L’adoption de la résolution 1325 en l’an 2000 était fondée sur des engagements antérieurs en matière de promotion des droits des femmes, de l’égalité entre les sexes et la protection des femmes contre la violence sexuelle : 

  • S’agissant des droits des femmes, l’une des étapes les plus importantes avait été l’adoption en 1979 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), le premier instrument international complet et juridiquement contraignant visant à éliminer la discrimination à l’égard des femmes.
  • De plus, la mise en œuvre du droit des femmes est à l’ordre du jour de nombreux organes de l’ONU et processus institutionnalisés : hormis le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes qui est un organe composé d’experts indépendants qui surveille la mise en œuvre de la CEDEF, la Commission de la Condition de la Femme (CSW) évalue les progrès réalisés et les écarts à combler dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing de 1995. C’est le document de référence en matière de lutte pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes à l'échelle internationale, et un précurseur pour la résolution 1325. Et finalement, avec la création d’ONU Femmes en 2011, l’agenda FPS a trouvé un relais institutionnel au sein du système.
  • Le droit international humanitaire – les Conventions de Genève et leur Protocoles additionnels – comprend plusieurs dispositions qui prévoient la protection des femmes contre toute attaque sur leur honneur et l’intégrité physique, en particulier contre le viol, la prostitution forcée, ou toute forme d’attentat à la pudeur lors de conflits armés.

Par ailleurs, la résolution 1325 a été adoptée alors que des avancées remarquables avaient lieu dans le domaine de la justice pénale internationale. Face aux atrocités commises au Rwanda, à Srebrenica et en Somalie, y inclus des violences sexuelles graves et systématiques, la communauté internationale a investi dans des mécanismes forts de reddition de compte. Le Conseil de sécurité avait créé les tribunaux spéciaux pour l’ex-Yougoslavie (S/RES/808 [1993]) et pour le Rwanda (S/RES/955 [1994]). Il avait ainsi déjà posé les fondements d’une juridiction pénale compétente pour connaître des violences sexuelles commises en période de conflit et jeté les bases de l’inclusion d’une définition de ce crime dans le Statut de Rome. Avec le jugement rendu dans l’affaire Jean-Paul Akayesu[1], un tribunal international a pour la première fois conclu que les violences sexuelles avaient été utilisées comme arme de guerre et qu’elles pouvaient être un élément constitutif du crime de génocide. Finalement, avec le Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (CPI), pour la première fois dans l’histoire, un traité international a reconnu le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, le trafic (en particulier de femmes et d’enfants) et les violences sexuelles comme des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui peuvent - dans certaines circonstances - également être admis comme crimes de génocide. La CPI est par conséquent tenue d’enquêter et de poursuivre les crimes sexistes et la violence sexuelle ; il s’agit d’une partie importante de son travail. Malheureusement, après l’annulation de la condamnation de Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président de la République démocratique du Congo, pour des crimes de guerre, la CPI a été laissée sans une seule condamnation pour crimes sexuels et sexistes.

[ 3. Contenu de la résolution 1325]

Permettez-moi de revenir maintenant sur le contenu de la résolution 1325. Elle comprend quatre domaines thématiques : 1) Le rôle des femmes dans la prévention des conflits, 2) leur participation à la consolidation de la paix, 3) la protection de leurs droits pendant et après les conflits, et 4) leur rôle lors du rapatriement, de la réinstallation et de la reconstruction post-conflit.

L’invitation faite à tous les États membres d’établir des plans d’action nationaux (PAN) constitue un autre aspect novateur de la résolution : cela a marqué une étape importante dans la mise en œuvre concrète de la résolution, la nécessité d’une interaction entre les niveaux international et national – et donc entre les législations internationale et nationale – ayant été reconnue très tôt. Je parlerai, dans un moment, du plan d’action national de la Suisse sur les femmes, la paix et la sécurité, et plus généralement de l’action de la Suisse dans ce domaine.

[ 4. Cadre réglementaire élargi sur les femmes, la paix et la sécurité]

La résolution 1325 était la clé de voûte d’un cadre réglementaire élargi sur les femmes, la paix et la sécurité du Conseil de sécurité, dont le volet protection a particulièrement progressé.

L’échec des missions du Conseil de sécurité destinées à protéger les civils contre les atrocités au Rwanda, à Srebrenica et en Somalie, a non seulement conduit au renforcement de la justice pénale internationale présenté plus tôt, mais aussi à la mise en place de l’architecture de protection du Conseil de sécurité de l’ONU. La communauté internationale a investi dans de solides mécanismes de responsabilisation ainsi que dans une approche plus inclusive et plus globale en matière de prévention des conflits. [Peu avant l’adoption de la résolution 1325, d’autres résolutions importantes ont été adoptées, qui mettaient l’accent sur la protection des civils (S/RES/1265 (1999) et 1296 (2000)), et sur les enfants et les conflits armés (S/RES/1261 et 1314 (adoptées toutes les deux en 2000)).] Depuis lors, l’architecture de protection repose sur trois piliers – liés entre eux : 1) femmes, paix et sécurité, 2) protection des civils et 3) enfants et conflits armés.

Concernant l’agenda FPS et grâce au travail des tribunaux spéciaux le Conseil de sécurité a reconnu en 2008 la violence sexuelle comme une menace pour la paix et la sécurité – prévue par une série de résolutions du Conseil de sécurité :[2]

  • La résolution 1820, la première du genre, souligne que la violence sexuelle, utilisée comme arme de guerre, peut exacerber considérablement tout conflit armé et faire obstacle au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales.
  • Dans sa résolution 1888, le Conseil de sécurité a demandé la nomination d’un Représentant spécial chargé de la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits armés (SGSR-SVIC) qui ferait directement rapport au Conseil de sécurité [(le mandat du Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés a été créé par l’Assemblée générale de l’ONU)].
  • Dans sa résolution 1960, il a établi des arrangements de suivi, d’analyse et de communication de l’information (Monitoring, Analysis and Reporting Arrangements, MARA) – en prenant modèle sur le mécanisme de protection prévu pour les Enfants dans les conflits armés. La résolution 1960 a également renforcé le lien avec le chapitre VII de la Charte des Nations Unies en associant le cadre MARA et le représentant spécial au régime de sanctions du Conseil et en recommandant que des conseillers pour la protection des femmes, qui pourraient faire rapport aux mécanismes MARA, soient inclus dans les missions de terrain

Outre les résolutions précitées, qui renforcent le volet protection et prévention, des résolutions qui ont suivi ont élargi le mandat FPS :

La résolution 1889, adoptée en 2009, a prévu l’élaboration d’un ensemble d’indicateurs applicables au travail du Conseil de sécurité en général afin de mesurer son efficacité dans la mise en œuvre d’une résolution du Conseil de sécurité (benchmarking politique).[3]

En 2015, soit 15 ans après l’adoption de la résolution 1325, le Secrétaire général de l’ONU a commandé une étude mondiale complète sur la mise en œuvre des résolutions concernant les femmes, la paix et la sécurité. Les conclusions qui en ressortent sont prises en considération dans la résolution 2242, établissant un lien entre l’agenda FPS et le débat sur la prévention de l’extrémisme violent. La résolution 2242 a conduit à la création d’un groupe d’experts informel au sein du Conseil de sécurité (tel qu’il en existe déjà un depuis de nombreuses années pour l’agenda « Protection des civils »), chargé de favoriser désormais la cohérence de l’agenda FPS dans les activités du Conseil de sécurité.

En 2016, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2272 et complété ainsi le corpus de règles relatives au genre – après plusieurs scandales liés à des abus sexuels commis par des membres des forces de maintien de la paix de l’ONU, principalement au Tchad. Cette résolution vise à conférer plus d’autorité à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général de l’ONU et à permettre de menacer de sanctions les contrevenants à cette politique malgré les immunités dont jouissent les membres des missions de l’ONU, par exemple en renvoyant au pays des contingents nationaux entiers. Dans les priorités annuelles qu’il s’est fixées dans par rapport à l’ONU, le Conseil fédéral a déclaré à maintes reprises que la Suisse est très attachée à la mise en œuvre effective de mesures destinées à lutter contre l’exploitation et les abus sexuels dans le cadre des opérations de terrain et de l’ensemble du système de l’ONU.

Enfin, en décembre 2016, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2331 sur la lutte contre la traite d’êtres humains, dans laquelle il a souligné le fait que la plupart des victimes de ce fléau sont des femmes et des filles et que la réponse des États membres doit porter une attention particulière à leurs droits. Il a notamment encouragé les États à prendre en compte les considérations concernant les femmes, la paix et la sécurité dans les actions menées au niveau national contre la traite des personnes, et à établir de solides partenariats avec le secteur privé et la société civile, y compris avec des organisations locales de femmes.

[5. Appréciation des progrès accomplis et les défis persistants]

En résumé, l’innovation, la créativité, des personnalités clés de même que l’association de la société civile à l’élaboration de la résolution et l’implication du niveau national ont contribué à ce que la résolution 1325 soit aujourd’hui l’une des résolutions les plus connues du Conseil de sécurité de l’ONU. L’agenda « Femmes, paix et sécurité » bénéficie indubitablement d’un fort appui universel, de la part tant des gouvernements que de la société civile. Chaque année, le Conseil de sécurité tient en octobre le débat ouvert sur les femmes, la paix et la sécurité, lors duquel le Secrétaire général de l’ONU fait rapport sur l’état d’avancement de la mise en œuvre. Les États membres ainsi que le conseiller principal pour les questions de genre et les représentants spéciaux d’organisations régionales telles que l’OSCE, l’OTAN et l’UA sont invités à exprimer leur point de vue. La liste des intervenants est toujours bien plus longue pour ce débat que pour d’autres forums thématiques, ce qui démontre le degré d’intérêt et d’engagement à tous les niveaux.

Cependant, il n’y a guère de corrélation entre la notoriété de la résolution et l’efficacité de sa mise en œuvre. Dix-neuf ans après l’adoption de la résolution 1325, les demandes qui y sont formulées ne sont pas encore satisfaites : la violence sexuelle à l’encontre des femmes et des filles, mais aussi des hommes et des garçons, reste largement répandue, notamment dans les situations de guerre. Lorsqu’un conflit est terminé, ce sont généralement les hommes qui négocient les termes de la paix, et les femmes demeurent fortement sous-représentées dans les instances chargées d’élaborer les politiques de sécurité.

Depuis 2016, les organisations de la société civile ont de ce fait exhorté le Conseil de sécurité à s’abstenir d’adopter de nouvelles résolutions sur le sujet et à se concentrer plutôt sur leur opérationnalisation. Un réseau de points focaux – dont la Suisse fait partie – a été créé à cet effet (. Les points focaux nationaux se rencontrent deux fois par an pour partager leurs bonnes pratiques et unir leurs forces pour progresser dans la mise en œuvre de tous les aspects de l’agenda FPS).

[6. L’action de la Suisse dans le cadre de l’agenda FPS]

Dans la troisième partie de ma présentation, je voudrais vous donner un aperçu de l’action menée par la Suisse dans le cadre de l’agenda FPS.

La Suisse a inscrit l’égalité entre les sexes et les droits des femmes au rang des priorités de sa politique extérieure, et l’autonomisation des femmes et des filles constitue un volet essentiel de celle-ci. La Stratégie Égalité des genres et Droits des femmes du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) met l’accent sur l’autonomisation économique des femmes, leur participation égale et effective, la lutte contre la violence sexuelle et basée sur le genre et la promotion des droits en matière de santé sexuelle et reproductive. Le principe d’action « L’égalité des genres, un atout pour la paix et la sécurité », énoncé dans la stratégie, fait référence à l’agenda « Femmes, paix et sécurité ». La Suisse a été pionnière dans la mise en œuvre de la résolution 1325 : elle a été l’un des premiers pays à adopter un PAN 1325 (en 2007). Depuis lors, elle a révisé et actualisé son plan d’action à trois reprises et, l’année dernière, elle a lancé son 4e PAN 1325. Ses priorités thématiques sont les suivantes :

a)   inclusion efficace des femmes dans la prévention des conflits ;

b)   participation des femmes au règlement des conflits et aux processus de paix ;

c)   protection contre la violence sexuelle et basée sur le genre dans les situations de conflit ;

d)   participation des femmes aux missions de maintien de la paix et à la politique de sécurité.

Comme il ressort de notre PAN 1325, le triptyque « Femmes, paix et sécurité » fait partie intégrante de nombreux offices fédéraux, projets et programmes. [Le PAN suisse 1325 relève de quatre départements fédéraux (Affaires étrangères, Intérieur, Défense ainsi que Justice et Police).] Il prévoit une vaste gamme d’activités, par exemple les efforts déployés par la Suisse pour renforcer les capacités de médiation, la fourniture, dans le cadre de l’aide humanitaire, d’une assistance aux personnes touchées par la violence sexuelle et basée sur le genre ou l’appui aux réformes de secteurs de la sécurité.

Par ailleurs, la société civile suisse a toujours joué un rôle important dans le suivi de notre PAN 1325. Le PAN actuel renforce encore notre collaboration avec des ONG suisses, et nous travaillons en partenariat avec elles pour mettre en œuvre certains des éléments du PAN.[4]

Permettez-moi maintenant d’illustrer par quelques exemples les activités de la Suisse :

  • Dans le passé, la Suisse a soutenu avec succès des processus de justice transitionnelle, par exemple aux Philippines, où elle a coprésidé la commission vérité et réconciliation qui a rédigé plus de 90 recommandations sexospécifiques.
  • Pour que les femmes puissent avoir une réelle influence sur les processus de paix, leur participation doit être assurée tout au long du processus politique engagé. Ainsi, par exemple, les processus de décentralisation dans les pays sortant d’un conflit offrent une excellente occasion d’amener davantage de femmes à participer aux gouvernements locaux ou à occuper des fonctions politiques. La Suisse soutient notamment au Bénin, au Burkina Faso, au Cambodge, au Kosovo, en Ukraine et en Somalie les efforts menés en ce sens.
  • La Suisse facilite le dialogue intra-syrien en apportant un appui thématique et logistique à la « Civil Society Support Room » (CSSR). Cette plateforme réunit autour d’une même table des organisations de la société civile syrienne pour qu’elles puissent évoquer leurs motifs de préoccupation, en particulier ceux ayant trait aux femmes et aux jeunes, dans le cadre d’un processus mené parallèlement aux négociations officielles conduites sous les auspices de l’ONU.
  • La Suisse a été un membre fondateur de l’Initiative d’intervention rapide au service de la justice (Justice Rapid Response, JRR), une organisation qui tient une liste d’experts pouvant être rapidement déployés par des États et des organisations internationales dans le cadre de missions d’enquête sur des violences sexuelles et basées sur le genre. À cette fin, elle collabore étroitement avec ONU Femmes et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.
  • À travers sa coopération au développement, la Suisse est engagée depuis 20 ans dans la lutte contre la violence sexuelle et basée sur le genre dans des pays comme l’Afghanistan, le Burundi, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et le Liban.
  • En tant que membre du Partenariat pour la paix de l’OTAN, la Suisse soutiendra à partir de 2019 les travaux de la représentante spéciale du secrétaire général de l’OTAN pour les femmes, la paix et la sécurité et de l’Unité Sécurité humaine de cette organisation, en détachant un officier auprès de ces instances.
  • La Suisse soutient en plus la Women’s Initiatives for Gender Justice, qui promeut l’inclusion des femmes dans les processus de justice internationale et la responsabilité pour les crimes sexuels et basés sur la violence, dans les contextes où la CPI enquête.

La Suisse doit également faire son travail, et elle continue à œuvrer pour que davantage de femmes suisses participent à des activités de médiation et à la politique de sécurité ainsi qu’à des opérations de maintien de la paix. Pour que les dispositions relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité aient plus de chances de devenir réalité, il est essentiel d’autonomiser les femmes et de les former au leadership en matière de politique de sécurité, y compris en ce qui concerne la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération. L’affirmation du leadership des femmes et leur pleine et égale participation, aux côtés des hommes, sont des conditions nécessaires à un changement à long terme et à une sécurité inclusive. Les femmes doivent avoir leur mot à dire dans les organes décisionnels de haut niveau, mais au-delà de ça, il faut savoir qu’une représentation plus équilibrée des deux sexes dans les équipes est gage de meilleurs résultats.

Un autre aspect de l’engagement de la Suisse est la synergie entre la résolution 1325 et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Cela s’inscrit dans l’engagement plus large de la Suisse d’établir un lien entre le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève et l’architecture de sécurité à New York afin que chaque structure tire parti des informations et des travaux de l’autre.  Concrètement, la Suisse soutient le Global Network on Women Peace Builders (GNWP), dont l’action a facilité la conclusion d’un accord-cadre de coopération entre la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit et le Comité CEDAW.

[En 2015, la Suisse était l’instigatrice de l’initiative Geneva Gender Champions à New York, organisée par l’Ambassadeur Jürg Lauber, Chef de la Mission suisse à New York. L’idée est qu’un réseau de Gender Champions s’inscrive dans l’esprit du changement culturel que le Secrétaire général de l’ONU a l’intention d’ancrer en matière d’égalité des genres au sein du système onusien. La pression du groupe incite en effet les Champions à tenir leurs engagements et à faire des efforts pour implémenter la parité au sein de leurs organisations ainsi que dans le cadre de leur travail opérationnel.]

Permettez-moi de conclure par trois points critiques sur lesquels nous devons, entre autres, faire des progrès :

  1. Premièrement, nous devrions être plus précis quand nous parlons des « femmes ». Elles ne constituent pas un groupe homogène, mais endossent de multiples rôles et identités. Elles sont membres de partis politiques ou de groupes sociaux, certaines portent un uniforme, d’autres sont déplacées. Les femmes et les filles jouent un rôle important pour assurer la paix et la sécurité, et elles sont elles-mêmes également touchées par la violence. Elles ne sont pas, en soi, particulièrement vulnérables, mais se trouvent souvent dans des situations précaires en période de conflit et de déplacement. Certaines femmes sont doublement voire triplement désavantagées parce qu’elles appartiennent à une minorité ethnique ou à une classe sociale inférieure.
  2. Deuxièmement, nous devons chercher à mieux comprendre pourquoi les femmes ne représentent toujours que 2 % des médiateurs de haut niveau et à peu près 10 % des délégués participant à des négociations de paix. Nous savons que les femmes œuvrent chaque jour pour la paix au niveau de la société civile, dans la communauté ou au foyer, dans le cadre d’organisations de femmes, généralement à titre volontaire. Nous devons prendre en compte et soutenir de telles initiatives locales et faire entendre les voix du terrain à la table des négociations officielles.
  3. Enfin, nous ne devons jamais oublier que l’égalité entre les sexes et l’agenda FPS concernent autant les hommes. L’égalité entre les femmes et les hommes est non seulement un atout pour la société tout entière, mais elle nous aide aussi à remettre en question des stéréotypes et des rôles de genre dommageables. Il n’est pas rare que des hommes risquent leur vie à cause de normes sociales de genre. Les hommes peuvent eux-mêmes se trouver dans des situations précaires quand ils rejoignent un groupe armé pour répondre aux attentes sociales ou sont dans l’incapacité d’obtenir de l’aide après avoir subi des violences sexuelles. Cela place les hommes dans des situations de vulnérabilité et constitue un puissant facteur de guerre et de conflit. Nous devons mieux comprendre ces dynamiques de genre en tant que causes et facteurs de guerre.

Pour terminer, j’aimerais dire que la résolution 1325 et les résolutions qui ont suivi sont d’une importance cruciale pour la Suisse. La paix, la sécurité et la promotion de l’égalité entre les sexes sont des piliers essentiels de notre politique extérieure et de notre cadre réglementaire, et ces piliers se renforcent mutuellement : il est prouvé que plus une société est égalitaire entre les femmes et les hommes, plus elle est pacifique. En ce sens, l’agenda « Femmes, paix et sécurité » s’adresse à la société tout entière.

Permettez-moi de terminer par une citation de l’actrice Emma Watson, Goodwill Ambassador des Nations Unies pour une campagne promouvant l’égalité et intitulée « HeForShe ». Dans son appel à nous pour plus d’engagement, elle termine par les mots : « If not you, who ? and if not now, when ? »

Je vous remercie.

[1] Jugement, Le Procureur c. Jean-Paul Akayesu, affaire No. ICTR-96-4-T, 2 septembre 1998.

[2] S/RES/1820 [2008] ; S/RES/1888 [2009] ; S/RES/1960 [2010] ; S/RES/2106 [2013]

[3] Cadre de résultats stratégiques sur les femmes, la paix et la sécurité de l’ONU (UN Strategic Results Framework on Women, Peace and Security) : 2011-2020

[4] Projet de mise en œuvre du PAN suisse avec swisspeace/KOFF, Peace Women Across the Globe et le Mouvement chrétien pour la paix (Christlicher Friedensdienst, cfd), voir : Communiqué de presse de Swisspeace


Ultima modifica 29.01.2022

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