20.09.2022

Rede von Bundespräsident Ignazio Cassis, Vorsteher des Eidgenössischen Departements für auswärtige Angelegenheiten (EDA) vor der Generalversammlung der Vereinten Nationen - Es gilt das gesprochene Wort

Rednerin/Redner: Cassis Ignazio; Departementsvorsteher, Ignazio Cassis

Monsieur le Président de l’Assemblée générale,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de gouvernement,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,


Il y a vingt ans, la Suisse s’exprimait pour la première fois à cette tribune en tant que membre à part entière de l’ONU. L’adhésion de la Suisse à l’ONU en 2002 représente un événement particulier. Pas seulement en raison du moment. En effet, à l’époque, la Suisse était déjà de longue date l’État hôte du siège européen de l’ONU à Genève. Elle œuvrait également de manière active au sein de diverses organisations spécialisées des Nations Unies.

Non, la spécificité de cet événement était toute autre. La Suisse est le seul pays à avoir adhéré à cette organisation à la faveur d’une votation populaire. Cette décision reflétait l’adéquation entre les valeurs et les buts de l’ONU et ceux ancrés dans la Constitution suisse. C’est pourquoi nous nous sentons si étroitement liés à la Charte des Nations Unies. Les principes inscrits dans la Charte sont plus importants que jamais. Notre monde a rarement été confronté à autant de défis qu’aujourd’hui. Nous vivons un moment charnière, pour nous-mêmes, pour la Charte de l’ONU, pour la planète entière.

J’ai été bouleversé par l’agression militaire lancée par la Russie, une grande puissance, contre sa voisine l’Ukraine. Permettez-moi de préciser que cette agression militaire enfreint les principes les plus élémentaires de la Charte, celle-là même qui a été adoptée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans le but d’empêcher les guerres et les incommensurables souffrances qu’elles entraînent. La Suisse réitère l’appel lancé à la Russie pour qu’elle mette fin sans plus tarder à la guerre et à la violence en Ukraine.

Les conséquences de cette guerre affectent le monde entier. Elles s’ajoutent aux nombreuses autres crises mondiales que nous ne devons pas oublier:

  • Presque aucun continent n'est aujourd'hui épargné par les conflits armés Les tensions s’accroissent, entre grandes puissances, entre États voisins et même au sein de certains pays.

  • Chaque jour, le droit international humanitaire et les droits de l'homme sont violés. Ceci est intolérable et devrait nous alarmer: les graves violations des droits de l’homme sont en effet les signes avant-coureurs de possibles escalades de violence et d’instabilités.

Si nous examinons une carte des conflits en cours, il apparaît clairement qu’un lien direct existe presque toujours avec d’autres problématiques qui déstabilisent notre monde, notamment: 

  • l’insécurité alimentaire croissante,
  • le prix élevé de l’énergie et la question de la sécurité énergétique,
  • le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution de l’environnement,
  • ou encore les défis sanitaires mondiaux tels que la pandémie de coronavirus , qui n’a pas encore été surmontée, et ses lourdes conséquences économiques et sociales.

Forte des qualités qui sont les siennes et des expériences accumulées au cours de son histoire, la Suisse est résolue à apporter sa pierre à l’édifice pour trouver collectivement des solutions transformatrices face à des défis intriqués - pour reprendre la formulation du thème choisi pour ce 77e débat général. Mon pays se distingue par son système de démocratie directe, son fédéralisme, la stabilité qui caractérise sa politique et son économie, mais aussi par sa diversité et sa capacité à en tirer des solutions innovantes.

Ces caractéristiques façonnent la manière dont nous gérons les conflits et résolvons les problèmes complexes dans notre pays. La culture du compromis et du consensus est de mise. Les problèmes sont abordés et résolus par le dialogue. Cela exige certes du temps, mais permet de réunir un large consensus, pour un résultat final accepté et pérenne.

C’est ce qui s’est produit lors de l’adhésion de la Suisse à l’ONU.  Notre expérience me semble également pertinente pour un monde qui, assurément, affronte une nouvelle ère.

Permettez-moi par conséquent, en toute modestie, d’exposer dans les grandes lignes quatre éléments qui ont une grande valeur pour la Suisse et qui me paraissent également déterminants pour résoudre les multiples défis mondiaux :


1.    l’importance des normes et valeurs fondamentales,
2.    le caractère indissociable de l’indépendance et de la coopération,
3.    l’engagement en faveur de la paix et de la sécurité,
4.    le courage de garder le cap.

Reprenons maintenant les choses dans l’ordre.

L’importance des normes et valeurs fondamentales

Le droit international public est capital. Nous ne pouvons pas tolérer que le pouvoir des plus forts prévale sur les droits des plus faibles.

  • C’est pour cette raison que la Suisse s’engage pour le respect du droit international public, qui inclut le droit international humanitaire et les droits de l’homme.

  • C’est aussi pour cette raison qu’elle s’engage dans la lutte contre l’impunité. Nous devons tous faire en sorte que les atteintes sérieuses au droit international soient sanctionnées. Les responsables doivent rendre compte de leurs actes.

Dans ce contexte, les valeurs sont la boussole de notre action. La solidarité avec la communauté internationale et le développement durable revêtent pour nous un caractère fondamental.

À cet égard, notre feuille de route commune est l’Agenda 2030 pour le développement durable, qui doit permettre à nos sociétés d’être plus résilientes, plus durables et plus inclusives à l’avenir.

Certaines circonstances d’envergure mondiale ont fortement ralenti la mise en œuvre des Objectifs de développement durable. La Suisse est fière cependant d’avoir présenté cette année son deuxième rapport national sur la mise en œuvre de l’Agenda 2030. Ce rapport révèle les progrès réalisés, même si des efforts supplémentaires doivent être entrepris pour atteindre tous les objectifs.

Je vous invite donc à revenir aux valeurs fondamentales de l’Agenda 2030 et à redoubler d’efforts pour travailler ensemble à sa mise en œuvre.

Le caractère indissociable de l’indépendance et de la coopération

En vertu de la Charte des Nations Unies, chaque État est souverain, donc indépendant. Comme tout pays, la Suisse tient à son indépendance. Celle-ci nous permet d’accorder à la diversité de notre culture et de notre population l’attention qu’elle mérite.

  • La Suisse compte quatre langues nationales et présente une grande diversité culturelle.
  • Elle est constituée de 26 cantons distincts, tous actifs sur le plan politique.

Compte tenu de ces caractéristiques, nous avons appris que la coopération, le respect mutuel et le dialogue permanent constituent le seul moyen de faire face aux difficultés. Indépendance et coopération sont en réalité deux concepts étroitement liés. Sans coopération, l’indépendance serait synonyme d’isolement. Et sans indépendance, la coopération serait une contrainte.

Un dialogue ouvert, d’égal à égal, un climat de confiance et de collaboration ont également une importance primordiale pour la coopération internationale.

Grâce à la Genève internationale, la Suisse contribue à ce dialogue. Genève est le centre de la diplomatie multilatérale pour ce qui a trait à la gouvernance mondiale, à la paix, aux droits de l’homme, au désarmement, à l’environnement et à la santé, mais aussi pour ce qui est de l’anticipation des défis technologiques.
Pour nous tous, l’ONU est une plateforme unique et universelle de dialogue et de coopération. Nous devons en tirer pleinement avantage.

L’engagement en faveur de la paix et de la sécurité

La Suisse est un pays neutre.

  • Cela signifie que nous respectons strictement le droit de la neutralité ancré dans le droit international public. Nous ne nous impliquons pas dans les conflits et n’apportons aucun soutien militaire à l’une ou l’autre partie à un conflit. Rien ne saurait remettre cela en question.

  • Mais la neutralité n’a pas pour corollaire l’indifférence ou l’absence de solidarité. Nous nous engageons à sauvegarder les principes de liberté, de démocratie et d’état de droit, autant de valeurs ancrées dans notre Constitution fédérale.

La Suisse a été élue au Conseil de sécurité de l’ONU le 9 juin dernier avec 187 voix. Nous vous remercions du mandat fort qui nous a été confié et de la confiance que vous nous témoignez. En proposant sa candidature, la Suisse a montré qu’elle était prête à prendre des responsabilités pour la sauvegarde de la paix et de la sécurité dans le monde. Nous travaillerons sans relâche pour être à la hauteur de la confiance que vous avez placée en nous et incarner « Un plus pour la paix ».

Dans cette optique, nous nous sommes fixés quatre priorités :

  • Promouvoir une paix durable : nous voulons mettre à disposition notre expérience de longue date en matière de promotion de la paix et de prévention des conflits. Dans ce contexte, nous mettons un accent particulier sur une participation des femmes dans les processus de paix.

  • Protéger la population civile : c’est elle qui paie le plus lourd tribut dans les conflits. Nous nous engagerons en faveur de la protection des civils et pour le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme.

  • Renforcer l’efficacité du Conseil de sécurité : nous nous engageons depuis longtemps en faveur d'une plus grande efficacité du Conseil de sécurité, d'une plus grande transparence de son travail et de l'implication de tous les acteurs concernés.  Nous poursuivrons cette voie dans le cadre de notre mandat.

  • Agir pour la sécurité climatique : le changement climatique, l’un des plus grands défis auxquels nous sommes confrontés, menace également la paix et la sécurité. C’est pourquoi nous nous mobiliserons pour que cette question soit également traitée au sein du Conseil de sécurité.

Il va de soi que notre engagement en faveur d’un monde plus pacifique ne se limite pas au Conseil de sécurité. La Suisse a ainsi accueilli, aux côtés de ses partenaires ukrainiens, la conférence sur la reconstruction de l’Ukraine dans le canton du Tessin, dont je suis originaire.
Les principes de Lugano qui en sont ressortis fixent des critères largement acceptés pour la reconstruction et les réformes en Ukraine. Je profite de l’occasion qui m’est offerte pour saluer l’implication de nos partenaires, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, dans la poursuite de ce processus en 2023 et 2024.

Si les parties concernées le souhaitent, la Suisse se tient toujours prête à apporter sa longue et vaste expérience des bons offices Les bons offices sont un instrument de diplomatie et non un outil de pouvoir.

Le courage de garder le cap

Nous faisons face à des défis complexes. Nos ressources sont toutefois limitées. Il est donc essentiel de prioriser notre action. Qu’est-ce que cela signifie pour le multilatéralisme ?

  • Cela signifie que nous devons nous concentrer sur la question essentielle de la coexistence pacifique et durable,

  • Cela signifie que nous avons besoin d’une ONU forte et efficace,

  • Cela signifie qu’une répartition claire des tâches et une meilleure mise en réseau des organisations de l’ONU sont nécessaires. Il sera alors possible d’exploiter les synergies existantes.

  • Et cela signifie également que nous devons davantage tirer parti de la science, des innovations et de la diplomatie scientifique. L’élan qu’elles impriment ouvre la voie à de nouvelles approches et avancées susceptibles de déboucher sur des solutions concrètes.

La Suisse est fière d’avoir créé dans cet esprit la Fondation GESDA, le Geneva Science Diplomacy Anticipator. GESDA a pour but d’anticiper les défis posés par les nouvelles technologies, de manière à en maximiser les bénéfices et en minimiser les risques pour l’homme, et à garantir un avenir durable sur notre planète.

Ou, si je puis le formuler autrement : le renforcement ciblé du multilatéralisme et le recentrage sur les tâches essentielles constituent précisément l’instrument qui nous permettra de trouver ensemble une issue à cette période trouble que nous vivons et de nous diriger vers un avenir meilleur.

L’ONU offre un cadre unique pour concrétiser la résolution inscrite en préambule de sa Charte, à savoir unir nos forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales, en tant que partenaires et non en tant qu’adversaires.
Je vous remercie.


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Letzte Aktualisierung 29.01.2022

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