Réinsertion des détenu.e.s en Algérie


Le projet « Réinsertion des détenu.e.s en Algérie » contribue à la promotion de la réinsertion des détenu.e.s les plus vulnérables dans le tissu social algérien, dans un but déclaré de renforcer la cohésion sociale, une priorité pour le gouvernement. Le projet propose un accompagnement à la Direction Générale de l’Administration Pénitentiaire et de la Réinsertion (DGAPR) pour la modernisation et l’optimisation de la prise en charge et de la formation des détenu.e.s, dans le but de faciliter leur réinsertion sociale.

Pays/région Thème Période Budget
Algérie
Conflit & fragilité
Gender
Migration
Réintegration et contrôle des ALPC
Organisations et institutions pour l'égalité des femmes
Migration en général (développement et partenariats)
01.04.2023 - 31.12.2026
CHF  1’322’683
Contexte

Il existe en Algérie 162 établissements pénitentiaires civils accueillant actuellement une population carcérale d’environ 68'000 personnes. En 2005, et dans une perspective de réforme, l’Algérie a adopté un nouveau code relatif à l’organisation pénitentiaire et à la réinsertion sociale des détenus. Le PNUD accompagne le Ministère de la Justice depuis 2003 dans des projets visant à la modernisation du secteur mais aussi à appuyer la politique pénitentiaire axée sur la prise en charge et la réinsertion des détenu.e.s.

L’objectif principal est d’améliorer les conditions de détention, en particulier pour les groupes les plus vulnérables, afin qu’elles soient plus favorables à la réinsertion sociale, et de lutter ainsi contre la récidive et le phénomène de propagation de la radicalisation parmi les détenu.e.s. Le risque de radicalisation est perçu comme une menace à la cohésion sociale, sujet prioritaire au niveau national depuis le traumatisme de la « décénnie noire » des années 1990, théâtre d’une guerre civile entre le gouvernement et les partis islamistes, majoritaires au premier tour des élections législatives de décembre 1991.

Les femmes détenues sont un groupe minoritaire au sein de la population carcérale (1.7%), mais elles sont particulièrement vulnérables et exposées à des risques importants de récidive à leur sortie de prison. L’hébergement des femmes détenues en quartiers réservés permet une prise en charge quasiment individuelle, basée sur un traitement psychologique, mais ces quartiers réservés manquent d’espaces dédiés aux ateliers de formation ainsi que d’aires de nurserie permettant aux mères détenues de s’occuper de leurs enfants et de créer des liens avec eux dans un espace protégé. Cette situation diminue considérablement les chances de réinsertion socioprofessionnelle de ces femmes en les empêchant de se doter des outils nécessaires à la réintégration au marché du travail lors de leur sortie de prison, en particulier si elles sont jeunes mères.

Objectifs Promouvoir la réinsertion sociale des détenu.e.s les plus vulnérables en Algérie dont notamment les détenus désignés comme radicalisés et les femmes, en accompagnant l’administration pénitentiaire (services internes et externes) et les associations civiles partenaires dans la mise en place des conditions nécessaires pour la priorisation de la réinsertion sociale des groupes vulnérables.
Groupes cibles

Directes:

-    Output 1 : les détenu.e.s en phase de libération dans 8 établissements pilotes (valeur cible : 2'190);

-    Output 2 : les détenu.e.s radicalisé.e.s (7 établissements ont des quartiers de haute sécurité);

-    Output 3 : les femmes détenues (1.7% de la population carcérale soit environ 1'200 femmes, 290 fonctionnaires formés et 26 quartiers de femmes équipés de centres de formation);

-    Output 4 : 100 associations de la société civile impliquées dans le processus de la prise en charge des détenu.e.s;

-    La DGAPR par le renforcement de ses Services d’Evaluation et d’Orientation ainsi que de ses Services Extérieurs.

Indirectes:

Les familles des détenu.e.s et la société dans laquelle ils évoluent post-détention.

Effets à moyen terme

Dans la continuité d’une approche incrémentale et sur la base des besoin identifiés la DGAPR et le PNUD souhaitent à présent cibler les aspects suivants:

1)    Améliorer la coordination entre les services d’évaluation et d’orientation et les services extérieurs pour une planification et une gestion renforcée de la réinsertion sociale du détenu;

2)    Accompagner la DGAPR dans la mise en place des conditions nécessaires à la prise en charge axée sur la réinsertion des détenus y compris détenus radicalisés en milieu carcéral;

3)    Prioriser la prise en charge de la femme détenue en tenant compte de ses besoins de réinsertion spécifiques;

4)    Renforcer l’écosystème de la réinsertion sociale pour une meilleure prise en charge postcarcérale.

Résultats

Principaux résultats attendus:  

1)    La planification et la gestion de la réinsertion des détenus sont renforcées (activités : Exploitation des résultats de suivi, d’évaluation et d’orientation dans la gestion des plans de réinsertion ; la planification de la libération est prise en charges par les services d’évaluation et d’orientation en plus des services extérieurs).

2)    Les conditions nécessaires à la prise en charge axée sur la réinsertion sociale des détenus radicalisés sont mises en place (activités : Mise à jour du système de classification des détenus radicalisés pour un accès accru aux programmes de réinsertion sociale ; Mise à jour du programme de déradicalisation pour y intégrer la réinsertion sociale).

3)    La prise en charge de la femme détenue tient compte de ses besoins de réinsertion spécifiques (activités : Création d’un noyau de fonctionnaires spécialisés dans la prise en charge de la femme détenue ; Dynamisation de quartiers de femmes en besoin d’espaces dédiés à la réinsertion).

4)    L’écosystème de la réinsertion sociale pour une meilleure prise en charge post-carcérale est renforcé (activités : Formation des associations (société civile) sur les techniques de prise en charge de la réinsertion des détenu.e.s déradicalisé.e.s ; Formation des associations sur la thérapie multifamiliale appliquée au sein des établissements pénitentiaires).


Principaux résultats antérieurs:  

Grâce au travail mené par la DGAPR avec le PNUD depuis 2003, des avancées notables dans l’amélioration du processus de réinsertion sociale des détenu.e.s ont été opérées. Notamment : Généralisation des services d’évaluation et d’orientation (engagement du PNUD sur ce volet depuis 2014) qui ont participé à l’introduction de programmes spécifiques au bénéfice des catégories parmi les plus vulnérables de détenu.e.s (femmes, mineurs, personnes violentes, récidivistes, et toxicomanes). La DGAPR prend également en charge les familles de détenu.e.s à travers un programme de thérapie multifamiliale, et les détenu.e.s désignés comme radicalisé.e.s à travers un programme de déradicalisation. La réinsertion post-carcérale assurée par la DGAPR dès 2008 via ses services extérieurs a participé au processus de la prise en charge et de l’accompagnement du détenu.e dans sa phase de remise en liberté par du conseil et de l’orientation. Grâce à l’évolution de ces services extérieurs, la DGAPR a assuré en 2021 la prise en charge de 6'072 détenu.e.s libéré.e.s en vue de leur réinsertion professionnelle en coordination avec les associations de la société civile (agréées par le Ministère de l’Intérieur) et les agences de l’Etat concernées.

Les progrès observés s’expliquent essentiellement par la mise en place d’une stratégie incrémentale par la DGAPR, basée sur l’expérimentation des outils dans un premier temps, leur optimisation dans un second temps et enfin leur généralisation lorsqu’il est confirmé qu’ils favorisent la réinsertion des groupes ciblés.


Direction/office fédéral responsable DDC
Partenaire de projet Partenaire contractuel
Secteur privé
Organisme des Nations Unies (ONU)
  • Sectreur privé étranger Sud/Est
  • Programme des Nations Unies pour le développement


Autres partenaires
PNUD Algérie
Coordination avec d'autres projets et acteurs

Le Ministère de la Justice est un partenaire essentiel pour la Suisse en Algérie : Dialogue sur l’entraide judiciaire, formations pour magistrats algériens en Suisse pour les questions d’asset recovery / corruption financées par le SEM.

La Suisse cherche à être plus active dans le domaine des droits de l’homme en Algérie, en particulier droits des femmes (une de nos deux recommandations lors de l’Examen périodique universel au Conseil des droits de l’Homme, avec la liberté d’expression, cf. rapport annuel droits de l’Homme).

Budget Phase en cours Budget de la Suisse CHF    1’322’683 Budget suisse déjà attribué CHF    299’250