Myanmar: garantir l’éducation des enfants au milieu des ouragans et des conflits


Une classe pose devant une école reconstruite.
Les nouveaux édifices sont conçus pour résister aux cyclones et inondations. © DDC

Reconstruire des écoles détruites par un cyclone dans une région confrontée à des violences intercommunautaires. Tel était l’objectif d’un projet de la DDC et de l’Organisation international pour les migrations (OIM) dans l’Etat du Rakhine au Myanmar. Près de 600 élèves peuvent désormais suivre un enseignement sur des sites plus sûrs. L’expérience acquise servira d’enseignement pour la réhabilitation d’autres écoles du pays.

Pays/région Thème Période Budget
Myanmar
Education
Changement climatique & environnement
Equipements scolaires et formation
Réduction des risques de catastrophes
01.12.2015 - 31.07.2018
CHF  896’514

En juillet 2015, une mousson torrentielle suivie d’un puissant cyclone (Komen) provoquent d’importants dégâts au Myanmar. L’Etat du Rakhine, à l’ouest du pays, fait parties des régions les plus affectées. De nombreuses localités sont inondées. Plusieurs centaines d’écoles sont détruites ou fermées en raison des dommages. La catastrophe décuple les besoins humanitaires sur ce territoire en proie à des violences intercommunautaires entre la majorité bouddhiste et la minorité musulmane des Rohingyas. 

À la suite du désastre, les autorités birmanes établissent un plan de réhabilitation avec une attention particulière pour les écoles. L’objectif est de reconstruire des sites plus sûrs et plus résistants. L’Aide humanitaire de la DDC décide de soutenir ces efforts. Auparavant, elle a déjà construit plus d’une centaine d’écoles au Myanmar dans les régions affectées par le conflit et le cyclone Nargis en 2008. Elle copréside aussi un groupe de travail réunissant plusieurs ministères actifs dans la construction d’écoles. Le groupe est à l’origine de nouvelles lignes directrices en la matière, valables pour tout le pays.     

En décembre 2015, la DDC s’associe avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour reconstruire 6 écoles dévastées dans l’Etat du Rakhine. L’OIM mène déjà des projets de réduction des risques de catastrophes dans la région. La réalisation des travaux lui est confiée avec un appui financier et technique de la part de la DDC. 

Bâtir des écoles dans un climat de haine 

Le projet démarre avec l’identification des sites à réhabiliter. Soucieuse de ne pas attiser les tensions intercommunautaires, la DDC procède à une sélection paritaire des écoles: trois pour la communauté bouddhiste et trois autres pour la communauté musulmane. 

«Nous avons misé sur ce projet pour rallier des acteurs qui entretiennent un rapport haineux autour d’objectifs communs. Celui de prévenir de futurs désastres et de permettre aux enfants de retourner à l’école» explique Björn Schranz, chargé de programme pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à l’Aide humanitaire de la DDC. «Au-delà des infrastructures, nous voulions contribuer dans la mesure du possible à réduire les tensions entre les communautés» conclut-il. 

Pourtant, en été 2017, les efforts de la DDC et de l’OIM se heurtent à des violences intercommunautaires d’une rare intensité. Plusieurs villages sont incendiés et des milliers de personnes sont forcées à l’exil. Alors que les travaux se poursuivent, deux des six villages où sont construites les écoles sont mis à feu, dans les zones peuplées par les Rohingyas. L’incident est révélateur du climat extrêmement tendu qui prévaut dans la région. 

Eviter le même scénario 

Malgré ces difficultés, le projet abouti avec la reconstruction de quatre écoles répondant aux exigences de sûreté et de résistance. Thierry Umbehr, chef des affaires humanitaires à l’Ambassade suisse à Yangon revient sur le début et la fin des chantiers: «D’une part, les villageois ont participé aux travaux d’aménagement des sites et ont contribué à les équiper. D’autre part, ce sont surtout des entreprises locales qui ont exécuté les travaux. Elles se sont concentrées sur la résistance des structures et un meilleur accès aux installations d’approvisionnement d’eau et sanitaires. Elles ont aussi amélioré les conditions d’enseignement en travaillant sur l’aération des classes, la lumière et la sécurité. Devenu un lieu privilégié pour l’enseignement primaire, ces édifices serviront aussi de refuge pour les habitants en cas d’intempéries, lors de cyclones ou d’inondations.» 

Près de 600 élèves ont pu regagner les rangs de leurs classes flambant neuves. La réhabilitation des deux autres écoles reste en suspens. La reprise des travaux dépend de l’amélioration des conditions de sécurité dans l’Etat du Rakhine et d’un éventuel retour des villageois. Depuis l’été 2017, de nombreuses localités se sont vidées de leurs habitants qui ont été contraints de fuir les violences. La quasi majorité s’est réfugiée au Bangladesh voisin. 

Répliquer le modèle à l’ensemble du pays 

Le projet a permis par ailleurs de tester l’applicabilité des standards de construction développés par l’Aide humanitaire de la DDC après le cyclone Nargis en 2008. Les leçons tirées de cette expérience dans l’Etat du Rakhine serviront à perfectionner les nouvelles lignes directrices dans le secteur de la construction des écoles. Valables pour toutes les structures scolaires du pays, elles entreront en vigueur en été 2018.