«Investir dans l’éducation est l’une des choses les plus importantes que nous puissions faire en tant que société»
La Fondation Jacobs travaille à l’amélioration des systèmes d’éducation au niveau mondial. L’organisation philanthropique suisse partagera son expérience lors de l’IC Forum 2023, qui mettra l’accent sur la coopération internationale dans ce domaine. Dans un interview, Donika Dimovska, Chief Knowledge Officer, présente quelques initiatives menées de la Côte d’Ivoire à la Colombie pour offrir les solutions d’apprentissage les plus adaptées à chaque enfant.
L’IC Forum est l’occasion de présenter des exemples prometteurs de travail collectif en faveur d’une éducation de qualité © Keystone
L’éducation pour l’avenir: trouver des solutions pour rendre l’éducation durable et axée sur les défis futurs, telle est la devise de l’IC Forum Switzerland. Pourquoi vous impliquez-vous personnellement dans ce domaine? Pourquoi est-il si important d’investir dans l’éducation?
Investir dans l’éducation est l’une des choses les plus importantes que nous puissions faire en tant que société. Chaque enfant, quels que soient son origine et son lieu de vie, doit avoir accès à une éducation de qualité, et tous les jeunes méritent de pouvoir acquérir des connaissances de la manière qui leur convient le mieux. C’est pourquoi il est essentiel que nous investissions dans la recherche, afin de disposer de données probantes étayant les solutions qui permettront de tenir cette promesse. En comprenant comment les enfants apprennent le mieux, nous pouvons construire des systèmes éducatifs qui répondent de manière optimale aux besoins de chaque enfant, des systèmes également plus résistants aux chocs majeurs, tels que les pandémies et les conséquences du changement climatique. Nous pourrons ainsi exploiter plus efficacement les opportunités qui se présentent, telles que les outils numériques appliqués à l’éducation.
J’ai la chance de faire partie de la Fondation Jacobs, une organisation philanthropique dont je partage les convictions et qui s’est engagée à verser 500 millions de francs d’ici à 2030 pour accroître l’utilisation de données probantes dans les politiques et les pratiques éducatives à l’échelle mondiale. Grâce à mon travail au sein de la Fondation Jacobs et aux partenariats qu’elle entretient avec de nombreuses organisations dans le monde entier, j’ai pu constater de mes propres yeux l’impact que des politiques et des programmes efficaces et fondés sur des données probantes peuvent avoir sur les enfants. Je l’ai observé en Côte d’Ivoire, où les élèves apprennent à lire à l’âge pertinent, ou encore en Colombie et au Panama, où des méthodes d’enseignement phonétique innovantes ont été introduites par la Fondation Luker, qui comptait en 2022 parmi les lauréats du prix Klaus J. Jacobs distinguant les meilleures pratiques dans le domaine.
Quelle contribution la Fondation Jacobs peut-elle apporter à la coopération internationale?
Nous travaillons dans plusieurs zones géographiques pour aider les pays à atteindre les cibles de l’ODD 4 tout en respectant les priorités nationales en matière d’éducation. Nous déployons nos activités dans des pays tels que le Ghana, la Côte d’Ivoire et la Colombie pour promouvoir le développement de systèmes éducatifs nationaux qui utilisent et génèrent régulièrement des données probantes. Notre rôle est de veiller à ce que les meilleures données possibles éclairent la prise de décision sur la manière de fournir une éducation de qualité à chaque enfant.
Le mécanisme financier CLEF (Child Learning and Education Facility) a été mis en place l’année dernière. Ce partenariat de financement public-privé pionnier vise à offrir une éducation de qualité à des millions d’enfants en Côte d’Ivoire. Nous avons réuni 16 entreprises du secteur du cacao et du chocolat, qui ont mis en commun leurs connaissances et leurs ressources pour aider le gouvernement de la Côte d’Ivoire à atteindre son objectif principal: faire en sorte que les enfants des zones rurales reculées aient accès à l’éducation. Il a d’abord fallu instaurer la confiance entre des différentes parties prenantes et faire évoluer les mentalités, afin que chacune comprenne que pour obtenir un impact durable à grande échelle, il est nécessaire de travailler ensemble et d’exploiter des solutions fondées sur des données probantes.
IC Forum Switzerland est une plateforme qui met en réseau différentes expertises et parties prenantes pour envisager des solutions concrètes et innovantes aux défis de l’éducation. Quelle est la valeur ajoutée de la Fondation Jacobs?
Nous mesurons la valeur des plateformes de collaboration telles que l’IC Forum Switzerland, car nous adoptons une approche similaire dans notre propre travail. L’une des principales compétences de la fondation est le développement de partenariats multipartites et de plateformes de collaboration pour l’engagement de diverses parties prenantes, travaillant à des solutions fondées sur des données probantes. Nous savons que les défis auxquels le monde est confronté ne peuvent être relevés que grâce à la collaboration de partenaires divers, chacun apportant des compétences et un savoir-faire uniques.
Le forum est l’occasion de présenter des exemples prometteurs de notre travail collectif en faveur d’une éducation de qualité et de renforcer notre ambition en vue d’atteindre cet objectif. Nous sommes impatients de transmettre ce que nous avons appris jusqu’à présent lors de l’édition 2023 de l’International Cooperation Forum Switzerland.
International Cooperation Forum Switzerland, 15-16 février 2023, Genève
Sous l’intitulé «Education for Future», le Congrès annuel de la coopération internationale de la Suisse sera consacré au thème de l’éducation et confrontera un grand nombre de points de vue. Des représentants du monde politique, de la recherche, des secteurs privé et financier, d’ONG et de la jeunesse s’y retrouveront pour développer ensemble des solutions aux grands défis de la planète. Le format hybride de la manifestation et sa plateforme interactive permettront à toutes les parties intéressées de prendre part activement aux échanges. Dans le cadre de l’initiative «Youth for Solutions», les jeunes et leurs approches seront à l’honneur le deuxième jour.