Regina Gujan, cheffe suppléante de la division Affaires multilatérales AH et responsable de la réduction des risques de catastrophe auprès de la DDC © R.G.
Madame Gujan, que peut apporter la Suisse à la PM2022 qui se réunit à Bali?
Le pays alpin qu'est la Suisse a l'habitude des dangers naturels. Elle possède par conséquent une grande expérience et un savoir-faire mondialement reconnu en matière de RRC. À Bali, la Suisse entend se concentrer sur la prévention des catastrophes et la gestion des risques. Nous participons activement à la structuration des processus sur différents niveaux, échangeons nos connaissances et nous informons au contact des autres participants. Nous sommes convaincus que nous avons tout à gagner à réduire les risques de catastrophes, tant sur le plan financier, social, qu'environnemental Cependant, pour que les mesures soient efficaces, tous les acteurs en présence – y compris la population locale concernée– doivent être impliqués dès le début du processus de planification.
Quel est le rôle qu'occupe la RRC dans les activités de la DDC?
La réduction des risques de catastrophe est une priorité de la stratégie de coopération internationale 2021-2024, une condition indispensable au développement durable, et bien entendu une priorité de l'aide humanitaire.
Cette thématique, ainsi que les questions liées au changement climatique, est en fait intégrée dans presque toutes nos activités. Les projets sont examinés en fonction des dangers potentiels et les activités sont planifiées de manière à contribuer à la réduction des risques. En ce qui concerne le domaine RRC, la DDC travaille en étroite collaboration avec les offices fédéraux de l'environnement et de la protection de la population, le Secrétariat d'État à l'économie, Météo Suisse ainsi qu'avec les ONG, le secteur privé, les hautes écoles, la Plateforme nationale «Dangers naturels» et le Comité de direction «Intervention dangers naturels». Nous communiquons l'ensemble de nos connaissances à nos pays partenaires et usons de notre influence au sein des institutions internationales en matière de RRC.
Grâce aux méthodes d'analyse modernes, il est devenu bien plus facile d'anticiper un grand nombre de crises humanitaires. C'est pourquoi la Suisse soutient les mécanismes locaux d'alerte précoce et de financement, et encourage les mesures de protection ciblées sur place.
Existe-t-il des exemples concrets?
Oui, les mesures de prévention peuvent bien sûr prendre des formes très différentes. Elles vont de la construction d'écoles parasismiques à la formation de spécialistes locaux, en passant par la cartographie des zones à risque et l'aménagement du territoire. En Inde, par exemple, des experts suisses collaborent avec des institutions locales pour analyser et prévoir les glissements de terrain, les crues soudaines et surtout les ruptures de lacs glaciaires causées par le réchauffement climatique. À cette fin, des systèmes d'alerte précoce sont actuellement mis en place et développés en collaboration avec les autorités locales. Il y a aussi l'exemple de Jacmel, en Haïti, où des membres du Corps suisse d'aide humanitaire ont aidé des spécialistes haïtiens à établir des cartes des risques de glissements de terrain et d'inondations.