Une éducation de base pour les populations pastorales d’Afrique de l’Ouest

Actualités locales, 24.05.2016

Le Programme Régional d’Education et Formation des Populations Pastorales a permis de développer une offre éducative adaptée aux populations nomades transfrontalières. Une visite du bureau de la coopération suisse au Niger a fait le point sur les avancées du programme dans la zone transfrontalière Niger/ Burkina Faso.

Une élève peulh s’exerce à la lecture en langue nationale © DDC Niger
Une élève peulh s’exerce à la lecture en langue nationale

Le Programme Régional d’Education et de Formation des Populations Pastorales (PREPP) a été formulé avec des organisations d’éleveurs d’Afrique de l’Ouest afin de réduire leur marginalisation sociale, politique et économique et réduire les conflits en leur assurant un accès à l’éducation. Cinq zones transfrontalières sont ciblées entre le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Togo. Dans chacune des zones d’intervention, des centres d’alphabétisation en langues nationales ont été installés pour les pasteurs, dès 15 ans, dans l’idée qu’au terme de deux ans de cours de base, les meilleurs élèves puissent suivre des modules de formations professionnelles rurales. Le programme est itinérant, les pasteurs retrouvent donc un centre dans chacun des endroits qu’ils fréquentent le plus longtemps chaque année. Les animateurs sont issus de ces mêmes communautés et connaissent donc bien la langue et le contexte. Au-delà de l’accès à l’éducation de base, ces centres offrent aussi aux populations nomades un espace où se retrouver, discuter des problèmes qu’ils rencontrent et revendiquer leurs droits. Les leaders des communautés sont pleinement impliqués dans la mobilisation de leurs communautés et la détermination des endroits de formations, selon les parcours de transhumance. 

Une visite du bureau de la coopération suisse au Niger a récemment été organisée dans la zone Niger/ Burkina Faso. Elle était accompagnée de l’Association pour la Redynamisation de l’Elevage au Niger (AREN), l’opérateur du programme pour ce pays. 

C’est la méthode reflect qui est utilisée dans les centres du département de Torodi, au Niger. Il s’agit d’une approche de l'apprentissage et du changement social qui vise à créer un espace convivial, dans lequel les participants se rencontrent pour discuter en toute liberté des sujets importants de leur vie. Tout en valorisant le savoir endogène, il s’agit de renforcer les capacités de communication des populations pour leur permettre de participer davantage aux décisions qui affectent leur quotidien. En effet, quand on leur demande ce que le PREPP leur a apporté, les élèves de Torodi mettent en avant non seulement le fait de pouvoir lire et calculer, mais aussi le fait de connaître leurs droits et de pouvoir interpeller les autorités en conséquence. Un élève nous a même confié : « avant le centre, nous étions dans la nuit, maintenant, c’est le jour ! ». Ils ont, ainsi, réussi à interdire la coupe et le ramassage abusifs de paille autour du village. 

Le hangar ne sert pas seulement aux cours de base, mais c’est aussi devenu un lieu de retrouvailles. Les pasteurs s’y réunissent pour parler des affaires de la communauté. Ils se sont constitués en groupes de responsables où hommes et femmes décident ensemble d’activités importantes pour la collectivité. Le hangar a d’ailleurs été construit par la communauté toute entière. Grâce aux fonds mis à disposition pour financer des idées d’actions et à l’argent supplémentaire qu’elles arrivent à cotiser, les populations peuvent aussi réaliser différentes activités telles que banques alimentaires pour le bétail, banques de céréales ou même forages pour accéder à l’eau, selon leurs priorités. 

Malgré ces avancées, les défis pour l’avenir restent de taille. Le volet du développement des compétences techniques et professionnelles doit encore être mis en place pour offrir aux populations des opportunités d’accroître leurs sources de revenus ; Les femmes se plaignent toujours du nombre et de la pénibilité des corvées qui sont les leurs ; L’accès à l’eau reste très problématique et a des effets néfastes sur l’assiduité des élèves… On espère néanmoins que certains de ces défis pourront être relevés durant la seconde phase du programme PREPP.

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